Province Législature Session Type de discours Date du discours Locuteur Fonction du locuteur Parti politique Québec 40e 1e Étude des crédits du ministère de l’Éducation 14 février 2013 Marie Malavoy Ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport PQ Merci, Mme la Présidente. Chers collègues parlementaires, je vous remercie d'être ici aujourd'hui et je reconnais votre intérêt pour l'exercice que nous accomplirons tous ensemble au cours des prochaines heures. Permettez-moi de vous présenter les gens qui m'accompagnent. Je suis entourée de ma directrice de cabinet, Mme Carole Lavallée, du sous-ministre de l'Éducation, du Loisir et du Sport, M. Bernard Matte, ainsi que de M. Alain Veilleux, sous-ministre adjoint au Développement pédagogique et au Soutien aux élèves. Mais je suis accompagnée également, vous les voyez derrière moi, des membres du personnel du ministère, qui sont là en grand nombre. Et des membres de mon cabinet sont présents, je les remercie. Il n'y a pas de doute, Mme la Présidente, nous formons une belle équipe. Nous voulons vous apporter l'éclairage nécessaire aux questions qui seront soulevées aujourd'hui quant aux crédits du volet Éducation du ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, et je peux d'ores et déjà vous assurer de toute ma collaboration. Nous aurons amplement le temps d'aborder tous les aspects financiers relatifs aux crédits au cours des sept prochaines heures. Alors, permettez-moi de vous parler des raisons qui justifient nos choix budgétaires. Je l'ai mentionné déjà à quelques reprises, notre ministère a mis en place un plan d'intervention qui repose sur quatre axes : le goût d'apprendre, le goût de connaître, le goût de comprendre, le goût d'enseigner et le goût de bouger. J'ai parlé du goût de bouger quand nous avons fait les crédits pour le volet Loisir et Sport. Donc, aujourd'hui, j'insisterai d'abord sur le goût d'apprendre. Je crois que chaque enfant possède ce goût dès sa naissance. Dès qu'il apprend à parler, la période du «pourquoi» prend le dessus. C'est une bonne chose que cette curiosité, cette soif d'apprendre, mais comment la faire durer? C'est ce défi que nous nous sommes lancé, au ministère. Je sais qu'il est partagé par les dirigeants des commissions scolaires, le personnel des écoles et les parents. En donnant à nos jeunes le goût d'apprendre, nous pourrons combattre plus efficacement le décrochage scolaire. À cet effet, de nombreuses études démontrent d'ailleurs qu'il est important d'agir de façon précoce afin de multiplier les chances de réussite de nos enfants et de leur faire aimer l'école dès les premières années. Ces effets sont significatifs, particulièrement en ce qui concerne les habiletés cognitives, linguistiques, sociales sur lesquelles se construit l'apprentissage de la lecture. Mais je vais mentionner quelques études. Une enquête sur la maturité scolaire des enfants montréalais qui avait pour titre En route pour l'école!, publiée en février 2008 par l'Agence de la santé et des services sociaux de Montréal, révélait un chiffre troublant : 35 % des enfants qui arrivent en maternelle à l'île de Montréal sont vulnérables au moment de leur entrée à l'école et risquent d'éprouver des difficultés dans leur cheminement scolaire, 35 %. Une autre étude, publiée au Texas en 2012, révélait que les écoles... les élèves, pardon, qui fréquentent l'école dès le préscolaire ont de meilleures habiletés non seulement en lecture, mais également en mathématiques. Cette tendance est d'autant plus marquée si l'enfant provient d'un milieu socioéconomiquement défavorisé ou s'il appartient à un groupe minoritaire. La Banque Toronto-Dominion elle-même a publié une revue de documentation indiquant les avantages et les coûts des programmes d'éducation préscolaire de qualité. On y affirme que ces investissements ont des effets bénéfiques à long terme sur les conditions socioéconomiques, la persévérance scolaire, la carrière et le bien-être. Voilà pourquoi nous parlerons de maternelle quatre ans. Il y a déjà des projets pilotes qui existent depuis septembre 2012 dans six écoles primaires, dont le syndicat des enseignants est affilié à la Fédération autonome de l'enseignement, et, depuis 2009, à l'école Saint-Zotique de la commission scolaire de Montréal. Pourquoi voulons-nous aller plus loin? Nous nous appuyons, entre autres, sur l'avis du Conseil supérieur de l'éducation qu'il a rendu public le 24 octobre dernier, et qui disait ceci : il recommandait au gouvernement de se donner pour objectif que, dans cinq ans, 90 % des enfants de quatre ans du Québec fréquentent les services d'éducation et d'accueil réglementés par l'État. Pourquoi dit-il 90 %? Parce qu'actuellement ce ne sont même pas 75 %. Il y a plus de 25 % des petits enfants de quatre ans qui ne fréquentent aucun service entre la maison et l'école. Il y a donc une certaine urgence d'agir, et c'est pourquoi nous sommes en train d'établir les modalités d'implantation de la maternelle quatre ans à plein temps pour les milieux défavorisés. On pense qu'en faisant entrer les enfants à l'école plus tôt, dans une approche, bien sûr, de développement des enfants, nous multiplierons leurs chances d'acquérir de précieux outils qui favoriseront leur réussite scolaire. Cela se fera de façon progressive, mais, je vous le dis, Mme la Présidente, on commence en septembre prochain. Et, sous peu, j'annoncerai les modalités d'implantation, tous les détails, combien ça va coûter, où il va y en avoir, mais j'aimerais préciser une chose qui est très importante à retenir, la clientèle visée pour les maternelles quatre ans, c'est les enfants des milieux défavorisés qui ne fréquentent pas d'autres services. C'est vraiment pour eux que nous mettons cette mesure en place. Nous pensons que cette mesure, combinée — j'insiste — combinée à l'augmentation de places dans les centres de la petite enfance qui a été annoncée par la première ministre et qui a été annoncée par ma collègue ministre de la Famille récemment, nous pensons que, combinée à ces offres de places nouvelles, la maternelle quatre ans permettra d'élargir l'offre de services pour les parents, permettra de rejoindre beaucoup plus d'enfants de milieux défavorisés, répondra à la diversité des besoins. Mais, je le répète, cela se fait en complémentarité. Il n'y a pas de substitution, il y a ajout d'une ressource nouvelle, parce qu'il y a trop de petits enfants, à l'heure actuelle, qui ne sont malheureusement pas bien équipés quand ils arrivent en maternelle cinq ans. Nous sommes donc en train de travailler à implanter cela de concert avec le ministère de la Famille. Et j'ai beaucoup d'espoir que ce sera une histoire de réussite, pas pour nous, mais pour les enfants qui, dès septembre prochain, bénéficieront de ces services. Je vous ai parlé du goût d'apprendre. Je voudrais vous dire un mot du goût d'enseigner. J'ai choisi des mots simples parce que je trouve qu'on les retient bien. Une autre priorité du ministère, c'est de prendre des mesures afin de développer et de maintenir le goût d'enseigner. L'atteinte de nos objectifs en éducation repose, c'est évident, sur les enseignants et les enseignantes qui, partout au Québec, soutiennent les élèves dans la réalisation de leur plein potentiel. C'est pourquoi il faut intervenir pour que cette profession attire de plus en plus de jeunes et, je dirais, de plus en plus de jeunes chez les femmes comme chez les hommes. Je rêve d'un jour où il y aura, à la fois dans les services de garde et dans les classes du primaire, autant de jeunes hommes que de jeunes femmes qui embrassent cette profession. Il faut également qu'on mette en place des mesures pour diminuer le taux d'abandon des jeunes professeurs. Vous savez qu'à l'intérieur des cinq années qui suivent l'obtention de leur baccalauréat malheureusement il y a un certain nombre d'enseignants qui rêvaient de ce métier mais qui ne tiennent pas le coup. Il faut être capable de les accompagner, parce que c'est extrêmement dommage, ils ont passé des années à étudier et finalement ils ne tiennent pas, pour un certain nombre de raisons. On veut donc mieux accompagner les élèves, on veut mieux accompagner les enseignants et on a pris l'engagement, la première ministre l'a réitéré dans son discours inaugural, d'accorder des ressources additionnelles de personnel professionnel et de soutien. Et on a indiqué qu'au cours des prochaines années, disons un horizon d'un mandat normal de quatre ans, on ajouterait 600 ressources professionnelles et de soutien dans les écoles du Québec, précisément pour accompagner les enseignants. Le goût d'apprendre. Le goût d'enseigner. Le goût de connaître et de comprendre. Le milieu scolaire joue plusieurs rôles, mais il en joue un qui est fort important et qui est celui de la transmission de la mémoire collective de la société québécoise aux générations futures. C'est pourquoi le ministère souhaite instaurer les mesures requises afin d'accompagner chez nos jeunes le goût de connaître et de comprendre. Et particulièrement nous avons l'intention de développer et de renforcer l'enseignement de l'histoire nationale. Nous sommes en train d'élaborer un plan d'action que nous mettrons en place dès qu'il sera prêt. L'idée derrière ça, c'est de dire : Les élèves qui sont dans nos écoles doivent, bien entendu, apprendre des matières, acquérir des connaissances, acquérir des compétences, mais nous pensons aussi qu'ils doivent avoir une connaissance de notre histoire et que cela leur permettra d'avoir également une meilleure connaissance de notre tissu politique, économique, social : Dans quel genre de société sommes-nous? D'où venons-nous? Quelles étapes, voire épreuves, voire réussites avons-nous traversées? Pourquoi sommes-nous ce que nous sommes? Et pourquoi y a-t-il, dans notre société, les débats que nous connaissons? Donc, c'est un chantier que nous avons commencé à travailler. J'aimerais dire un mot également de la culture. La culture est un symbole important de la diversité et de la richesse de la société québécoise. Et nous pensons que c'est en côtoyant des ressources culturelles, comme par exemple des artistes, que les élèves peuvent développer très jeunes le goût de la culture. Nous avons proposé qu'on ait des artistes en résidence dans les écoles. Quand on dira ça aux petits enfants, ils penseront peut-être que les artistes vont coucher à l'école, mais ce n'est pas ça que ça veut dire. Ça veut dire qu'ils seront attachés à une école avec laquelle ils pourront partager des projets et surtout leur faire comprendre, leur faire aimer la beauté de leur métier. Et, qui sait, certains élèves découvriront peut-être une passion au gré de ces contacts. Je ne peux pas terminer cette courte présentation, ce bref tour d'horizon des priorités sans parler d'un dossier qui est extrêmement préoccupant et qui est celui de la lutte contre l'intimidation et la violence à l'école. Les jeunes doivent avoir un milieu stimulant, sain et sécuritaire. Et c'est, entre autres, un des facteurs de réussite. Les problèmes de décrochage ne sont pas liés uniquement à des problèmes d'apprentissage. On le sait, ils peuvent être liés à un climat malsain, à des épreuves subies par les jeunes à l'école. Ça doit être un environnement, donc, qui permet à chacun de développer son plein potentiel. Et, si on est capables de continuer à les accompagner dans le goût d'apprendre, je pense que les jeunes du Québec vont aller au bout de leurs possibilités. Je suis convaincue que les élèves qui arrivent dans nos écoles ont tout ce qu'il faut pour réussir. Ils ont un réservoir d'énergie, de curiosité, de volonté, de talent. Et notre rôle — et je le dis, là, encore en des mots très simples — notre rôle, que nous soyons ici, en ce Parlement, ou que nous soyons aux ministères, ou que nous soyons des fonctionnaires, ou des ministres, ou des enseignants, ou des directeurs d'école, nous n'avons qu'un seul rôle en commun, c'est d'accompagner le goût d'apprendre des élèves. Pour faire ça, nous avons chacun à jouer notre rôle. Mais, si on veut le résumer en peu de mots, notre mission dans la vie, c'est d'accompagner le goût d'apprendre. C'est donc ainsi, Mme la Présidente, que nous voulons assurer le suivi de la mise en oeuvre de la Loi sur l'instruction publique, qui nous donne les grandes balises de nos responsabilités pour la société québécoise. On va le faire — et je terminerai là-dessus — on va le faire en étroite collaboration avec le milieu que sont les enseignants, que sont les parents, que sont les directions d'école. Depuis les quelques mois que je suis entrée en fonction, j'ai perçu à quel point c'était important de travailler en collaboration. Il n'y a aucune politique, aucun des projets, aucun élément que j'ai évoqué ici aujourd'hui qui a été travaillé dans des bureaux fermés. Il a été élaboré, discuté, fruit de consultations, et finalement, après réflexion, nous vous apportons le fruit de nos discussions. Mais, dans l'avenir, j'ai vraiment l'intention de continuer à travailler en étroite collaboration avec les partenaires du milieu parce que je crois qu'ils sont une richesse incroyable et ce sont elles et eux qui sont le plus près des enfants, dont nous voulons le plus grand bien. Merci, Mme la Présidente.